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22 février 2021

Entrée en Carême 2021

 Jesus_désert angesDepuis le soir du Mercredi des Cendres, nous voici de nouveau en Carême sur le chemin de Pâques. En cette période particulière qui rappelle celle vécue l'an dernier, ce chemin a vraiment un relief de pénitence. Nous marchons vers Pâques en espérant que cette Résurrection du Christ, que nous allons commémorer, soit aussi une résurrection de notre quotidien plongé dans une certaine mort sociale. La Lumière de la Vie en plénitude nous est plus que nécessaire actuellement, tant nous nous sentons fragilisés et enfermés dans une sorte de gangue ténébreuse qui nous ferme l'horizon du Soleil levant. Voilà donc un état d'esprit particulier permettant de vivre en profondeur ce temps carêmique de privation. Nous aspirons grandement à la délivrance, comme la biche assoiffée des psaumes aspire à se désaltérer dans l'onde pure du Jourdain. Que l'Esprit de Dieu nous guide à travers nos ténèbres vers cette oasis de paix et de liberté !

Hier, 1er dimanche de Carême, nous avons lu dans l'Evangile de Matthieu, le récit de Jésus soumis à l'épreuve dans le désert (Mat 4, 1-11). Après son baptême, le Seigneur part au désert pendant 40 jours, sans manger, dans une solitude totale. Ensuite, vainqueur des tentations, il pourra partir sur les chemins à la rencontre des foules pour commencer son ministère.

Mais, regardons comment Jésus a surpassé trois sortes d'épreuve que nous trouvons nous aussi sur notre propre chemin de vie :

1) Se suffire à soi-même : la voix du Séducteur essaie de contraindre Jésus à transformer des pierres en pains pour calmer sa faim. Ce délicieux rêve séduit donc Jésus qui a tout pouvoir pour l'exaucer par ses propres moyens. La tentation est alors d'être autosuffisant, de ne rien devoir à personne et de s'affranchir du travail de tous ceux qui contribuent à obtenir ce pain essentiel. Lors de l'Eucharistie, le pain que nous partageons vient d'une longue chaîne humaine qui commence aux semeurs. Mais Jésus chasse ce doux rêve très tentant en invoquant la puissance de la parole : "l'homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (verset 4). En effet, la vraie vie est dans le partage de la parole entre moi et l'autre. Nous sommes tous dépendants les uns des autres.

2) Mettre Dieu à son service : maintenant, le Diable (le diviseur en grec) vient menacer la vie spirituelle. Jésus est soumis au rêve pernicieux de disposer de pouvoirs spirituels hors du commun. Bien sûr, il les a dans sa divinité, mais pas dans son humanité. La voix diabolique met Jésus dans l'épreuve et le divise : c'est la tentation de faire de Dieu son serviteur. Et nous la connaissons bien cette tentation ! C'est quasiment un réflexe quand on rencontre une difficulté de demander à Dieu de tout mettre en oeuvre pour arranger la situation. D'ailleurs, pour beaucoup, Dieu est un distributeur de bienfaits. Orgueil pour certains chrétiens "comblés de grâces", mais point d'achoppement pour d'autres qui refusent de croire puique Dieu reste inactif à leurs yeux. Mais là encore Jésus résiste et dit : "tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu" (Deutéronome 4, 16). Cela signifie que toute grâce est don gratuit et que Dieu agit quand et où il veut.

3) Se servir des autres : là encore, c'est le diable, le diviseur qui est à l'oeuvre. Il met Jésus à l'épreuve en lui suggérant la tentation du pouvoir. Nous avons tous des rêves de puissance, de l'empire au plus modeste. C'est dans la politique que le goût du pouvoir est le plus exacerbé. Le goût du pouvoir divise, il est diabolique au sens étymologique du terme. C'est bien cette tentation qui nous domine quand nous sommes saisis par l'envie de tout régenter et d'imposer notre volonté sur tous. Là encore, Jésus sort vainquer de cette épreuve en appelant le diviseur Satan (l'adversaire en hébreux) et en lui disant : "tu adoreras le Seigneur ton Dieu et c'est à lui seul que tu rendras un culte". Car, notre pire adversaire c'est nous-même. C'est en nous qu'il existe de la division (du diabolique), qu'il y a des désirs contradictoires. Et la victoire nait de la réconciliation. Elle survient quand nous nous décentrons de nous-même pour nous recentrer sur l'Essentiel : le Tout Autre. Durant ce Carême, rappellons-nous la parole de saint Jean Baptiste : "il faut qu'Il croisse (Dieu en moi) et que je diminue !"

Ainsi notre chemin de carême n'a pas forcément besoin de privation ou de sacrifice. A chacun de voir ce qu'il lui convient le mieux. Il a surtout besoin de revenir à la Source, de créer du lien, du partage et de l'échange avec cette altérité qui nous est nécessaire. Une seule parole de bénédiction suffit pour éloigner le tentateur. Puisse la méditation de ce texte de saint Matthieu éclairer notre chemin de vie et nous donner des orientations fortes pour sortir vainquer de l'épreuve !

Bon Carême avec Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.

+ Père Stéphane

 

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